Ces si jolis hasard | Raton-Laveur, Jolie Abeille & Hibou Nocturne

L’automne approchait à grand pas, et il apportait avec lui ses couleurs. C’était la première saison des feuilles mortes que vivait réellement Nuage de Source, celle dont elle se rappellerait longtemps, et c’était jusque maintenant sa saison préférée.

Une fine pluie tapotait sur les feuilles mortes qui jonchait le sol de la forêt. Le ciel était d’un joli gris perle qu’elle appréciait beaucoup, mais seulement lorsqu’il faisait jour. Le soir, il masquait les Étoiles, lui enlevait sa mère une deuxième fois. Secret du Firmament était partie depuis plusieurs jours et son absence se ressentait tant dans le Clan que dans son coeur. Chaque fois qu’elle y pensait, qu’elle retrouvait son odeur ou sa voix dans un petit coin de sa mémoire qu’elle commençait à détester parfois, elle avait envie d’ajouter ses larmes parmi la pluie.
La gorge de Nuage de Source se serra, la faisant déglutir difficilement. Puis elle se ressaisit tant bien que mal — elle n’avait pas le choix, pour elle, pour ses frères et soeurs qu’elle aimait tant, et pour Coup de Foudre aussi, car elle était sure que malgré son blizzard, il était affecté aussi. Car la vie continuait, car sa famille était toujours là, et elle ne pouvait pas se permettre de les laisser tomber. Secret du Firmament était là dans les Étoiles, quoi qu’en disent les autres avec leur stupide Forêt Sombre, ce n’était que des méchancetés, et elle serait toujours près d’eux. Au fond de son coeur, elle le savait.

Alors elle accéléra le pas, s’amusa du bruit des feuilles qui craquaient sous ses pattes lorsqu’elle foula le sol d’automne. Bientôt, elle rattrapa son oncle et lieutenant, Raton Laveur. Lui aussi devait être affecté par le départ injuste et prématuré de la guérisseuse. Mais pour lui comme pour les autres, le monde ne s’arrêtait pas de tourner.
Elle était partie avec lui tôt ce matin, aux premières lueurs de l’aube, pour une patrouille de routine. Aucun d’entre eux ne s’attendaient à croiser quoi que ce soit, comme la plupart du temps, mais le travail devait être fait. « Je n’ai rien vu par là, et vous ? demanda-t-elle lorsqu’elle eut regagné sa compagnie. On devrait peut-être longer la rivière jusqu’aux Rochers du Soleil ? Comme ça on aura fini, et après on pourra profiter un peu des derniers jours de chaleur avant l’hiver ! »

Sans attendre de réponse de sa part, elle s’élança vers la frontière. Bientôt, l’eau deviendrait solide mais fragile, isolant tous ses poissons dans une cage de glace. Comment feraient-ils pour se nourrir au Clan de la Rivière ? Les temps devaient être pour eux plus durs que pour quiconque.  Enfin, ce n’était pas vraiment son problème, et elle le saurait bien assez vite lors d’une assemblée.

Nuage de Source bondit littéralement sur les Rochers du Soleil. Comme elle aimait cet endroit ! Difficile d’imaginer que sa pierre deviendrait froide et glaciale lors des prochaines lunes à venir.
Il n’y avait ici que de bons souvenirs de sa première année de vie. Les jeux, les secrets, les entrainements… Et cette fois avec Coup de Foudre et le poisson, où ils avaient fait la rencontre de sa toute première étrangère ! Une jolie femelle du Clan de la Rivière qui portait le nom de—

« Madame-Abeille !! »

Elle était là, juste de l’autre côté, en compagnie d’un autre chat qu’elle ne connaissait pas. Par le Clan des Étoiles, comme elle aimait ces si jolis hasards !

Une lourde appréhension avait prit place dans le coeur de Jolie Abeille. Un mauvais pressentiment. Plus les jours avançaient, et plus elle craignait pour la vie d'Hibou Nocturne. Ce dernier semblait de plus en plus malade, où ce n'était là qu'une hallucination de son esprit parce qu'après tout, il était toujours malade. Le mâle était très important aux yeux de la bicolore. A l'instar de leur couple factice, elle avait pour lui une profonde reconnaissance, un grand respect et un attachement irréfutable. Une ami très proche, peut-être même son meilleur ami? Mais avec tout ceci, elle ne savait pas comment nommer leur lien. Nul doute qu'elle tenait énormément à lui, et elle savait que sa perte lui ferait beaucoup de mal. Et ce ne serait pas la seule… pour Nuage de Sureau et Nuage de Lierre, il était leur père, car il en avait endossé le rôle. Alors oui, d'une certaine façon elle le voyait comme l'autre parent de ses filles, sans qu'il soit pour autant son compagnon.

Mais elle décida de chasser ses sombres pensées en secouant la tête, et rejoignit le sujet de ces dernières avant de lui proposer d'une voix joyeuse en lui offrant un sourire:

"Une chasse tous les deux, ou juste une balade, ça te dit?"

Et avant même d'attendre sa réponse, elle partit, devinant qu'il allait la suivre. Il n'y avait aucun amour, aucune ambigüité, mais cela ne l'empêchait pas d'aimer partager des moments avec elle, avec ce chat qui avait tant facilité la vie de ses filles, qui leur avaient évité les mauvais regards.

Elle partit en direction de la Rivière, là où elle séparait leur territoire avec celui du Tonnerre. Là où elle avait revu Source pour la première fois. Depuis, ce n'était plus arrivé. Venir lui parler à l'Assemblée serait bien trop risqué, on verrait leurs très fortes similitudes, et les rumeurs iraient bon train.

Elle s'assit, attendant que son camarade la rejoigne, et quand ce fut fait, un cri lui fit tourner la tête.

« Madame-Abeille !! »

Il lui fallut moins d'une seconde pour reconnaitre cette voix. Sa fille… juste de l'autre côté… toujours si proche et lointaine à la fois. Elle se tourna vers Hibou Nocturne, et lui jeta un regard qui en dit long. Une pointe de tristesse, de nostalgie, un amour inconditionnel, et de la résignation, tout cela accompagné d'un petit sourire sans joie. Nul doute qu'il avait compris. C'était bien trop frappant.

Elle se tourna vers son enfant, s'afficha heureuse -car oui, elle l'était, elle la revoyait enfin, et elle allait bien!

"Bonjour Nuage de Source Aide-Mémoire!"dit-elle amusée, reprenant l'appellation qui lui avait été donné lors de leur dernière -c'était il y a une éternité pour elle!- entrevue.

Soudain, elle se figea, et son coeur se serra de nouveau, plus qu'il ne l'était déjà. Et celui-ci tambourina dans sa poitrine, encore plus fort qu'auparavant. Car l'odeur qu'elle sentait, le chat qui arrivait près de sa fille, de leurfille.

Raton Laveur, celle pour qui elle avait transgressé les lois ancestrales, celui qu'elle aimerait toujours, ici.

Secret du Firmament est morte il y a deux jours. Raton Laveur est très affecté par sa mort et ne trouve goût à rien si ce n'est passer du temps avec sa famille. La blessure encore ouverte, le mâle soutient comme il le peut son ami Coup de Foudre qui ne laisse paraître que très peu de peine. La saison des feuilles mortes arrive dangereusement. La canicule a fait fuir les proies et l'hiver ne va pas les faire revenir. Inquiet, Raton Laveur avait augmenté le nombre de patrouille et aujourd'hui il était de sortie avec Nuage de Source, sa fille. Le mâle a prit de l'avance sur l'apprentie mais elle ne tarde pas à le rattraper, survoltée comme à son habitude.

« Je n’ai rien vu par là, et vous ? On devrait peut-être longer la rivière jusqu’aux Rochers du Soleil ? Comme ça on aura fini, et après on pourra profiter un peu des derniers jours de chaleur avant l’hiver ! »

Raton Laveur a dû dire une cinquantaine de fois à Nuage de Source de le tutoyer mais visiblement cela n'est pas simple pour l'apprentie. Se faire vouvoyer par sa propre fille est quelque chose de plutôt déstabilisant. N'attendant pas la réponse du mentor d'un jour, l'apprentie s'élance tête baissée en direction des rochers du soleil. Amusé, il trottine pour la rattraper lorsqu'il la voit sur les rochers du soleil entrain de couiner :

« - Madame-Abeille !! »

Il ne lui faut qu'un instant pour reconnaître l'odeur qui se trouve sur la berge opposée. Il regarde devant sa fille et reconnaît en une fraction de seconde la guerrière qui leur fait face : Jolie Abeille. Le sang de Raton Laveur ne fait qu'un tour, elle est accompagnée d'Hibou Nocturne le "père" des petites. Le mâle bombe le torse et essaye de tenir la figure lorsqu'il arrive à hauteur des deux guerriers de la rivière. Légèrement tremblant, le lieutenant s'ébroue pour éviter que les autres le remarque. Il n'avait pas revu Jolie Abeille depuis la naissance des petites, cela faisait bien 6 lunes vu que Source était désormais apprentie. Son coeur est serré, il ne sait pas quoi dire. Il se colle aux flancs de sa fille et demande, comme le ferait n'importe quel patrouilleur :

« - Bonjour Hibou Nocturne, il se tourne vers la guerrière et s'incline légèrement, Jolie Abeille. La chasse est bonne par chez vous ? »

Son air faux à l'air de duper Hibou Nocturne et Nuage de Source. Il ne parvient pas à détacher son regard de la guerrière ennemie. Il pensait avoir tourner la page mais le simple fait de la revoir lui suffit à redevenir fou. Son échine dressée, le mâle est tendu et ne sait pas où se mettre. Toutes ses convictions viennent de tomber à l'eau, renversées par le simple regard bleuté de son ex-compagne. Face à la réalité, le matou ne peut que subir cette rencontre. Je donnerai tout pour ne pas me trouver ici à cet instant.

Dire que je pensais que la saison des neiges était la pire pour ma santé fragile et têtue, et me voilà écrasé par la chaleur de la saison des feuilles vertes. J'avais réussi à tenir le coup pour finir l'entraînement de Nuage Marbré, mais dorénavant, je ne pouvais que le superviser, et encore... Je n'étais pas utile de base, mais là, je me sentais encore moins utile qu'un ancien croulant. Je marchais la journée, et c'était fini, plus d'énergie. C'était un triste spectacle pour mes filles et ma nièce, pour qui je souriais avec mes maigres forces.

Ce jour là, ce fut Jolie Abeille, ma femme, qui vint me trouver. La visite du jour du malade. Je crus voir une forte inquiétude dans son regard, mais il n'y avait que de la joie quand elle s'approcha de moi. La maladie me faisait peut - être légèrement délirer parfois. S'inquiéter pour moi ? Maintes fois, j'ai répété que ça n'en valait pas la peine. Je ne souffrais pas, et si jamais je devais partir, je retrouverai avec joie mes sœurs. Je voulais les rassurer, qu'elles ne me pleurent pas. Qui étais - je pour mériter des pleurs à mon départ ? Personne d'exceptionnel.. Juste un ami, une présence, un faux père. Et en parlant d'amitié, celle qui était en réalité sa camarade, et non sa compagne, lui proposa une chasse ou une balade.

" Il vaudra mieux pour tous que je ne chasse pas nos rares proies. " dis - je avec ma voix usée par la toux.

Donc une balade sera grandement suffisant. La bicolore prit de l'avance, mais je n'allais pas très vite non plus. Et comme tous chats de la Rivière, nous allions prendre le chemin qui longeait cette dernière, profitant ainsi de sa beauté et de sa fraîcheur. Postée près de la rive, elle m'attendait. Oreilles couchées par éviter de les sentir brûler sous la chaleur, je la rejoins. Echo des Ruisseaux disait après tout que sortir m'aérer les poumons était important, même en pleine canicule. Mais à peine installé, voilà que nous n'étions plus seuls. Il fallait croire que nos voisins étaient contents d'avoir les Rochers du Soleil, car ils pouvaient accéder à la rivière eux aussi. Jolie Abeille fut surprise, et sorti un nom très spéciale. Nuage de Source Aide Mémoire ? Je n'avais jamais entendu un nom aussi long et bizarre ! Nouvelle lubie du chef du Tonnerre ? L'apprentie -j'imagine- devait connaitre la guerrière de la Rivière car elle l'appela Madame Abeille. Très mignon. Je ronronnai de manière enrouée. Mais je m'arrêtai soudainement quand je vis son accompagnateur.

Raton - Laveur, ce chat m'avait flanqué une frousse à notre dernière rencontre. Il était bien trop curieux sur notre clan et surtout.. surtout sur Jolie Abeille ! Et elle était là ! Oh par les Etoiles, comment cette après - midi allait se dérouler ? Le lieutenant du Tonnerre allait encore tenter de traverser le cours d'eau pour poser milles questions ? Je voulais sourire face à l'apprentie joviale, mais le poil redressé du guerrier me fit frisonner malgré la haute température. Ou bien j'étais si malade que j'avais froid en cette chaleur.

" Bien le *keuf keuf* b-bonjour à vous. "

Une crise de toux repris de plus belle. Gêné de montrer cette faiblesse devant des "ennemis" du clan, je me repliai sur moi - même.

L'étrangeté de la situation arracha un rire à Nuage de Source. Les voilà tous les quatre, elle, Madame-Abeille, Tonton-Raton-Laveur et un chat à l'air malade qui paraissait avoir mille lunes, séparés par une rivières, à se regarder avec de drôles d'yeux. Était-ce un concours de grimace ? Ses pupilles dansaient entre les étrangers de la rivière et son oncle, qui était désormais collé à elle, tendu, le pelage gonflé. Il était si proche qu'il força l'apprentie à loucher. Oh, ce Raton-Laveur, il en faisait toujours des tonnes !
Ses yeux roulèrent dans ses orbites, accompagnant un « rohhhhh » exagéré. « Détendez-vous Raton-Laveur ! Madame-Abeille est très gentille vous savez, et puis ... »
Nuage de Source chercha les mots, hésitant de longues secondes. Dire « ce chat a l'air beaucoup trop malade pour être un danger pour nous ! » N'était vraiment pas poli. Elle le savait parce que, eh bien, si on le lui disait, elle ne serait vraiment pas contente du tout, et même blessée. Et si c'était le cas pour elle, alors ça pouvait l'être pour les autres. Au fond c'était plutôt logique. Elle compléta donc par un simple « ... les amis de Madame-Abeille ne peuvent être que gentils aussi ! »

Ça sonnait terriblement naïf, mais à quoi bon ? On lui posait régulièrement cette étiquette, et ça ne la dérangeait pas. Ça faisait parti de son bagage de chat gentil et un peu rigolo. Rien de négatif jusque-là ! De toute manière, tout le monde se l'accordait : il y avait une part de vérité dans ces fameuses étiquettes — l'éducation de Coup de Foudre devait en être une conséquence, car à aucun moment les étrangers ne l'inquiétait. Elle savait les rivalités, les interdits; tout ça lui semblait ridicule. Qui voudrait lui faire du mal, elle, si gentille et jolie ? Elle ne risquait rien. Ab-so-lu-ment rien !

Les grandes-personnes s'échangent quelques mots — des formalités que Nuage de Source trouve ennuyantes mais qui sont nécessaires pour être polie. Tonton-Raton-Laveur a posé une question, mais tout le monde semble particulièrement tendu. Nuage de Source dessine une moue sur son visage. Elle ne comprend rien, et c'est frustrant, mais par dessus tout, une ambiance si tendue était la dernière chose dont elle avait besoin. Si le silence se poursuivait ainsi, elle en viendrait à penser à la mort de S-
Alors elle improvise, comble les trous comme elle le fait si bien, et répond à la place de tout le monde.

« Chez nous la chasse est SU-PER ! Et vous saviez que j'ai attrapé un écureuil hier ? Il était ÉÉÉÉÉNORME genre COMME ÇA, appuya-t-elle en écartant autant que possible ses pattes avant. Et c'est même plutôt impressionnant parce que je l'ai attrapé en pleurant presque alors j'avais les yeux qui voyaient à moitié flou ! J'aurais bien aimé que... maman — sa voix se brise sur ce mot précis — me dise qu'elle était fière... »
Il y a un silence. Ce n'est pas évident, le deuil la première fois. Mais Nuage de Source se rattache aux petites choses précieuses, aux idées, à cette pensée que Secret du Firmament est plus présente que jamais autour d'eux, qu'elle veille depuis les étoiles.
« Mais c'est la vie ! » ponctue-t-elle dans un sourire idiot alors que les larmes commençaient à perler sous ses yeux. Son museau la pince pendant qu'elle les retient. Il ne faut pas. « Oh ! Pardon monsieur j'en ai oublié les fro-formati- AH formalités ! Comment vous vous appelez ? Moi c'est Nuage de Source ! Y'en a qui disent que ça fait un peu trop rivière comme nom mais moi, j'aime bien ! »
Une petite confidence inoffensive lui avait toujours permis de détendre l'atmosphère et d'ouvrir un peu le coeur des gens. Pourquoi pas aujourd'hui ?

Pétrifiée.Oh, pourquoi, pourquoi avait-il fallu qu'elle se retrouve dans cette situation.Elle regarda Raton-Laveur, et visiblement, il ressentait la même chose. Aucun des deux ne voulait être là. Si proches, mais si lointain. Il lui avait manqué, tellement manqué. 6 lunes qu'ils ne s'étaient pas vu.

« - Bonjour Hibou Nocturne, il se tourne vers la guerrière et s'incline légèrement, Jolie Abeille. La chasse est bonne par chez vous ? »

Intimidée, elle répondit par un simple salut de tête à son tour. Personne, à part Nuage de Source, n'appréciait cette entrevue.Elle vit même Hibou Nocturne se tendre. D'ailleurs, ils se connaissaient? D'où son ex-compagnon connaissait son nom? Quelque chose s'était déroulé, et elle n'était pas au courant.

" Bien le *keuf keuf* b-bonjour à vous. "

Et voilà que son ami eut une crise de toux. Saisie d'inquiétude, elle s'approcha de lui, triste de le voir si misérable à cet instant, l'interrogeant du regard.
Qu'importe aussi pitoyable et faible il pouvait paraître, il serait toujours à ses yeux un chat noble, digne, altruiste, qui lui avait tendu la patte quand elle en avait le plus besoin.

"Oui elle est bonne et pour vous?" Elle avait presque oublié de répondre.

Voilà que Source intervint, disant à Raton de se détendre, en argumentant qu'ils étaient gentils. Si tu savais tout. Tu ne nous trouverais pas si gentils. Peut-être que tu nous détesterais.

« Chez nous la chasse est SU-PER ! Et vous saviez que j'ai attrapé un écureuil hier ? Il était ÉÉÉÉÉNORME genre COMME ÇA, Et c'est même plutôt impressionnant parce que je l'ai attrapé en pleurant presque alors j'avais les yeux qui voyaient à moitié flou !

Jolie Abeille couvrit son museau de sa patte, tandis qu'un rire la faisait frémir. Ooh... Source...

" J'aurais bien aimé que... maman me dise qu'elle était fière... "

Sa...sa maman...? Ses yeux commençaient à se mouiller, mais elle se ressaisit. Non,elle ne pouvait pas craquer, il en valait pour la sécurité de tous. C'était trop tôt...Pas vrai?

Alors comme ça elle avait perdu sa mère. Sa mère, la vrai, celle qui avait prit soin d'elle. Car la vérité était là. Elle n'avait aucun droit de se nommer mère pour elle. Car elle n'avait jamais été là. Elle l'avait quasiment abandonné, séparée de ses soeurs..

Respiration difficile, angoisse... Stop. Calme toiElle ne pouvait pleurer alors que sa fille était en deuil d'une personne si importante dans sa vie, et Jolie Abeille eut de la gratitude pour elle.

« Mais c'est la vie ! Oh ! Pardon monsieur j'en ai oublié les fro-formati- AH formalités ! Comment vous vous appelez ? Moi c'est Nuage de Source ! Y'en a qui disent que ça fait un peu trop rivière comme nom mais moi, j'aime bien ! »

Toujours le moyen de faire rire. Oh ce nom, si elle savait...

"Je suis sure que ta mère est fière de toi."

Quel double sens. Oui elle était fière.Mais là, elle parlait au nom de deux, au nom d'elle même et de la mère adoptive de Source, car elle ne serait jamais assez reconnaissante envers elle.

"Et bien,ça te rend unique!"

La situation tend énormément Raton Laveur qui regarde cette scène. Le Clan des Etoiles doit bien rire de cette situation. Il soupire tandis qu’Hibou Nocturne les salue sans pouvoir refouler une quinte de toux. Les pupilles du masqué passait du mâle à Joli Abeille, jonglant presque. Il retient sa fourrure qui n’a qu’une envie c’est se dresser sur son dos. Nuage de Source à très vite remarqué tout ça et ne peut ravaler ses remarques :

« Détendez-vous Raton-Laveur ! Madame-Abeille est très gentille vous savez, et puis ... Les amis de Madame-Abeille ne peuvent être que gentils aussi ! »

Le mâle ne relève pas et ne fait pas attention au long monologue de l’apprentie. Il ne retient qu’une chose : Nuage de Source a déjà vu Jolie Abeille. Sans aucune discrétion, ses yeux se perdent dans les prunelles bleues de la guerrière. Le décès de Secret du Firmament a laissé une plaie béante dans le cœur du matou, voir Jolie Abeille semble l’éventrer encore plus. Après le discours de l’apprentie, Raton Laveur repère vite les larmes aux coins de yeux de la guerrière ennemie. Cette situation regroupe tout ce qu’il voulait éviter.

« - Je suis sure que ta mère est fière de toi. Et bien, ça te rend unique. »

Raton Laveur ne sait quoi dire. Il assiste à cette scène, estomaqué. Il ne faut pas être guérisseur pour voir que quelque chose cloche dans ses agissements. Il ne dit rien. Il assiste, impuissant à ce qui se déroule sous ses yeux. Pourquoi est-ce que l’on est pas allé aux Rochers aux Serpents ? Quelle idée de venir à la frontière avec la rivière. C’était sûr que ça finirait par arriver..