Boum, grande nouveauté !

Faudra trouver un titre quand même  

L'assemblée était finie, les félins s'étaient séparés, mais le corps d'une chatte avait été poussé à bout, volontairement, et la nouvelle avait été révélée à demi-mot, par souffle. Par peur peut-être d'effrayer les plus jeunes, les plus innocents. Pour certain, perdre cette femelle, cette mère, cette amante était un drame, mais pour l'apprentie guérisseuse, sa mort était un soulagement silencieux. L'assurance que la "brouteuse d'herbe" qu'elle devait devenir n'aurait plus à craindre le courroux de cette détestable meneuse, de cette Suie qui ne méritait guère plus le nom d'étoile tant elle avait bafoué leurs ancêtres. Rester un clan moitié-brisé, affaibli, tentant de panser ses plaies.

Elle avait fait de son mieux, seule, au camp, oui Nuage du Firmament avait usé de tout ce que Nuit Hivernale lui avait déjà appris, gérant les cas les plus inquiétant et essayant d'apprendre aux autres à patienter, à nettoyer les blessures pour éviter les infections. Un camp dans la tourmente, c'est ce qu'elle voyait. Et parmi tout les félins vers qui elle se tournait, il en était un qui lui semblait ne s'être jamais aussi bien porté. Un chat qui avait vu disparaître nombre de chaton à l'époque du blizzard. Période qu'elle avait eu le bonheur de ne pas connaître mais qui, elle l'avait compris, avait laissé des séquelles invisibles chez ceux qui l'avait vécu.

Le calme revenait, doucement, avec son lot de doute et de question. Quand Vautour irait il prendre son nom d'étoile et, le ferait il ? Sa propre fille en doutait, tant le fanatisme abusif de sa mère avait peut-être pu influencer, et guère en bien, son géniteur. Mis peut-être, oui, peut-être le clan du Tonnerre allait il enfin se relever, se dévoiler à la lumière d'un jour nouveau, plus beau et puissant. Peut-être. D'un pas rendu plus lent par la fatigue, la siamoise alla s’emparer d'une maigre souris avant de se diriger vers un mâle bengal, et sans un mot, elle s'assit aux côté du père des derniers enfants de la meneuse défunte. Et elle attendit quelques secondes, cherchant le regard troublant de son camarade avant d'enfin oser miauler.

- Toi que la mort ne choque plus, puisque les autres se terrent dans un silence presque absolu, dit moi donc ce qu'il s'est réellement passé, là bas.

Curiosité craintive pourtant. Voulait elle réellement savoir ? Une part d'elle en avait besoin, besoin de comprendre à quel point la barbarie des chats des clans s'étaient révélée au grand jour à cause de ces maudits Lunar. Besoin de comprendre les regards fuyants, les cauchemars des autres. La guérisseuse en elle était prête, mais la jeune chatte en elle luttait aussi, craignant que l'horreur ne la frappe à son tour.

Étoile de Suie avait été tuée.

Pas dans la bataille, à lui laisser une chance de se défendre (quelle chance? Avec sa patte handicapée par la gangrène qui l'avait presqu'entièrement recouverte...) mais devant tous les Clans, à la patte de tous les meneurs - l'un après l'autre, en lui arrachant l'une après l'autre les dernières Vies qui lui restaient. Coup de Foudre était resté immobile devant la scène, ne voyant plus rien d'autre que cette figure aspirant à incarner les histoires d'Étoile de Guêpe - cette figure dépassant les histoires d'Étoile de Guêpe mourir, revivre, mourir, revivre encore et mourir pour de bon et ne plus jamais se réveiller.

Mais il était resté derrière, longtemps après que son Clan ne soit rentré chez lui, pour regarder le corps de feu sa meneuse, feu la grosse chatte anthracite qui l'avait tellement fasciné par la passion qui l'avait consumée, par le fond de sa vengeance qui lui avait fait perdre la raison, par les ébats qu'ils s'étaient partagés en profitant du talent de l'un et du froid avec sa compagne de l'autre... C'était la fin d'une Ère et il n'était pas triste, il n'était pas soulagé, il n'était pas heureux... il n'aurait su dire comment il était. Juste frappé par la foudre de l'inertie, après avoir participé si longtemps au tourbillon du merry-go-round incessant de la folie de Suie qui avait animé le Clan du Tonnerre.

Ses oreilles bourdonnaient encore.

Son oreille tiqua et il rebondit de la tête lorsqu'il sentit soudain une paire d'yeux le fixer d'un côté, et il se rendit compte qu'il était dans le campement (il tourna la tête pour se situer), qu'il n'avait pas mangé (l'épieuse tenait dans sa bouche une maigre souris), et il reconnut l'image embrouillée de la siamoise qui ne devint nette que lorsqu'il sortit de ses songes.

— « Toi que la mort ne choque plus, puisque les autres se terrent dans un silence presque-absolu, dis-moi donc ce qu'il s'est réellement passé, là bas.

On aurait dit qu'elle venait de réciter une prière, à un déité miséricordieux qui lui accorderait toute réponse en échange de respect. Coup de Foudre cligna des paupières, et lentement, leva le nez pour toiser de plus haut l'apprentie-guérisseuse qui était venue s'asseoir à côté de lui. Il était trop immobile - ils étaient trop immobiles - ils avaient besoin de bouger - ils devaient se lever.

— ...Pas ici.   Il sortit de son mutisme, laconique. Il y a trop d'oreilles ici.   Je ne veux pas risquer d'offenser ceux qui deuillent encore. »

Car lui ne deuillait pas.

Certes la mort d'Étoile de Suie l'avait affecté, bientôt elle ne l'affecterait plus du tout et il n'aurait d'autre choix que de s'adapter à l'Ère nouvelle menée par le Vautour Fauve du Clan. Il n'aurait d'autre choix que d'apprendre à jouer avec lui comme il l'avait fait avec Suie. Le charcoal sortit de sa latence, soudain debout, ondulant sa queue comme le faisait Vipère Audacieuse pour en glisser le bout dessous le menton de l'apprentie-guérisseuse.

— « Allons marcher, oui ?   La suggestion fut ponctuée d'un sourire mais d'un sourire bien vide, hermétique et automatique, n'ayant pas la stabilité d'esprit suffisante pour les faire paraître aussi insouciants que d'habitude.

Faudra trouver un titre quand même  

La retenu dont faisait preuve Coup de Foudre la surprit, elle qui ne s'y attendait nullement. Elle ne s'attendait pas à ce qu'il paraisse l'esprit autant ailleurs non plus, pour autant, tout en couchant ses oreilles sur sa tête, elle se pencha pour croquer son gibier, sa fatigue ne devant pas lui faire oublier son besoin de se nourrir ni même son devoir. Mais n'était-ce pas Nuit Hivernale elle-même qui lui avait fait comprendre d'aller s'aérer un peu l'esprit ? Elle ne faisait qu’obéir et aussi, chercher à y voir plus clair sur un sujet de conversation que les autres laissaient filer à bas mots, comme si la bataille était à leur porte de nouveau. Elle venait de se redresser, son gibier déjà presque fini lorsque la queue du félin vint la forcée à relever la tête, et à plonger ses yeux dans ceux du charcoal, les oreilles se redressant. Mais il manquait quelque chose au visage du mâle, un petit quelques choses auquel elle s'était habitué et qui le faisait paraître moins impressionnant, moins sur de lui. Elle hocha malgré tout la tête tout en se dégageant, achevant son repas en une bouchée avant d'enterrer les restes. Puis, comme pour lui rendre la pareil, elle vint lui donner un petit coup de tête dans l'épaule avant de prendre les devants vers l'extérieur du camp, vers la forêt. Un territoire où mêmes les membres du Tonnerre semblaient ne plus en avoir totalement possession. Comme si les Lunar étaient toujours là, menace cacher à moins que ce ne soient les autres clans qui inquiètent ? Elle n'aurait sus le dire tout à fait.

Pour autant, elle savait que son camarade ne dirait rien avant d'avoir trouver le lieu parfait, et cet endroit, elle le connaissait depuis qu'elle était toute jeune. Trottinant en tête, elle prit la direction du grand sycomore, elle pourrait toujours rapporter un remède en rentrant plus tard, où deux, tout dépendrait de ce qu'elle pourrait y trouver. Mais pour l'heure, arriver en vue de l'arbre, elle adressa un bref regard au guerrier, puis, certaine que nul duo mentor-apprenti n'étaient venus s'exercer à cette heure, elle pris son élan, gagnant en vitesse dans sa course pour bondir contre le tronc avec souplesse. Elle ne s’entraînait guère plus depuis qu'elle était sous la coupe d'Hivernale, où plutôt, elle s’entraîner seule à escalader et parfois, Brise de Glace l'accompagnait pour un entrainement martial, afin, "qu'elle sache se défendre". Et elle se rendait compte que s'était loin d'être superflus. Elle grimpa aisément jusqu'à la première branche puis, en quelques bond, elle fut cinq branches plus haut, hors de vue et de porter d'oreille. Coup de Foudre serait là bien vite, lui qui nourrissait un amour pour les arbres. Il ne lui rester plus qu'à l'attendre, même si elle avisa de grimper davantage encore, un instant seulement.

Elle finit sa souris, enterra les restes et lui emboîta le pas, signalant sa présence d'un petit coup de tête à l'épaule qui lui raviva sa propension sensorielle, ronronnant malgré lui - malgré la pesante atmosphère dans tout le campement. Et ils étaient partis, sur la même démarche que ce jour-là quelques lunes plus tôt, pendant le premier rendez-vous dans les Terres neutres d'une série de trois. Une fois sous le couvert des arbres de la forêt, il se sentit bizarre. Il leva le nez pour constater qu'ils marchaient sous les branches, plutôt que sur, et sa queue eut un curieux geste derrière qui attira un tic de son oreille sans plus. Elle avait raison, mais il ne s'en rendit pas compte - il s'était effectivement tu tout le long de leur marche à terre en se contentant de la suivre. Mais il ne la suivait pas par curiosité, ni par nécessité, il la suivait par distraction, ne prêtant pas beaucoup d'attention aux alentours lui qui se voulait pourtant observateur du Clan.

Sa lentille devait être embrouillée car il ne se rendit compte qu'elle l'avait guidé jusqu'au grand Sycomore que lorsqu'il entendit les griffes de l'apprentie-guérisseuse se râper contre l'écorce de l'arbre. Il sortit de ses songes d'un sursaut, sortit ses griffes de leur fourreau par instinct et se campa au sol pour bondir sur le tronc. La violence avec laquelle il s'amortit contre l'arbre l'électrocuta du souvenir d'avoir aussi brutalement bondit sur le dos de la meneuse du Clan du Vent. Ses dents se serrèrent dans sa gueule - ses dents qui  s'alignaient parfaitement dans sa mâchoire - en s'imaginant à nouveau les planter dans la nuque chaude, suante et frissonnante de la cheffe et serrer, serrer - et quelques coups de reins l'avaient propulsé vers la première branche, inspirant l'air de la hauteur, retrouvant ses repères sur le promontoire en tournant vite sa tête - la Grande Nuage du Firmament était en train de le doubler.

Son esprit joueur reprit vie, et son sourire parut plus brillant que vide. Il s'arracha de sa branche dans un bond, se propulsant au tronc d'un coup de ses postérieurs pour monter plus haut, enchaînant les cabrioles dans le simple désir de dépenser toute l'énergie de son corps. Il se sentait reprendre vie - mais il ne reprendrait jamais vie comme il l'avait vue faire Étoile Vaillante après qu'il l'ait tuée  à deux. Il ne reprendrait jamais vie, à répétition, comme l'avait faite Étoile de Suie après avoir été exécutée aux yeux de tous - et cette pensée lui fit se rappeler pourquoi ils étaient là, à jouer dans les branches, à griffer l'écorce et la mousse et à s'appuyer dans les nœuds sur lesquels bondir.

La branche de l'apprentie fut secouée par le contre-poids qui se fit en atterrissant de plein fouet dessus, et le doux bruissement des feuilles lui firent tiquer son oreille guérie. Il s'assied, laissant sa longue queue pendre vers le bas et onduler doucement à la force du vent.

— « Dis-moi ce que tu sais.

Le soleil tachetait leur poil de lumière d'or, obstruée par endroits par la cape d'ombre trouée du feuillage qui se mouvait tout autour. Il inspira une brise d'été en songeant qu'à la prochaine saison des feuilles vertes, le territoire des quatre chênes serait sans doute tapissé de coquelicots - vu tout le sang qui y avait été versé.

☆ The Battle they fought ☆

Coup de Foudre avait quelque chose de différent lui aussi depuis la bataille, comme si il y était toujours, comme tout ceux qui en étaient revenue. Marqués par la lune rouge de cette funeste nuit. Cette assemblée qui avait vu versé le sang de tant des claniques, trêve rompu pour la premières fois depuis des lunes, des cycles entier de paix, brisés. Depuis, nul messages de leurs ancêtres, le silence complet, mais la siamoise en était certaine, elle devrait les appeler un soir, juste avant de chercher le sommeil. Oui, elle allait devoir faire appel à eux pour savoir ce qui attendait son clan à présent. Sa précédente vision s'était révélé horrible, sombre, ténébreuse même. Une vision chaotique qu'elle n'avait compris que tardivement, trop tard. Mais elle en tirait une leçon, elle devait apprendre à comprendre ses visions, à les interpréter à temps, pour pouvoir aider son père, le nouveau chef et plus simplement, pour aider son clan. La siamoise secoua la tête, surprise que Coup de Foudre ai mis tant de temps avant de la rejoindre la haut, son arrivé faisant trembler la branche un bon moment d'ailleurs. La siamoise le laissa prendre ses aises, se collant pour sa part davantage au tronc avant de s'étendre sur la branche, laissant ainsi trois de ses pattes pendre, sa queue restant en revanche en appuie, venant se rabattre contre son flanc d'un coup, faisant bruisser les rares feuilles qu'elle frôla au passage.

- je sais ce que tout le monde sait. Que les Lunar se sont invités à l'assemblée en y répandant la mort dès le début, que la bataille qui a suivit n'a été qu'un chaos indescriptible et que dès le début, Étoile de Pierre s'en est pris à Suie. L'apprentie ne donnait plus le nom d'étoile à son ancienne meneuse, elle en était indigne, par sa faute, par son alliance avec l'ennemi, son clan avait frôler la catastrophe, caresser la mort comme il n'aurait jamais du. Elle s'était persuadés que la disparue était à l'origine des derniers maux du clan, de cette souffrance dans l'air qui rendait la forêt irrespirable par moment. Parfum de sang et de cadavre en décomposition. Elle bailla doucement, étirant ses deux pattes avant entièrement dans le vide avant de reposer non pas une, mais les deux, laissant seulement ses postérieurs pendre de chaque côté de la branche. Et je sais qu'il l'ont mise à mort. Ce que je ne sais pas, ce sont tout les obscurs détail qui vont avec. Je peux deviner le chaos, comprendre la peur, la souffrance, mais je ne sais pas ce qu'il est arrivé, ce qui fait que beaucoup d'entre nous se réveillent encore en pleine nuit, hurlant même parfois. Elle pencha la tête de côté, guettant la moindre réaction, la moindre réponse physique avant qu'il ne réplique de vive voix. Elle l'avait compris, le savait, lui l'insensible à la mort avait reçu quelques choses, une plaie intérieur, invisible où ... Elle espérait presque se tromper, en un sens, que la bataille ne lui ai pas rendu un peu d'émotions. Mais n'avait elle pas jurer qu'elle le percerait à jour, qu'elle l'aiderait à soignée ses plaies invisibles qui marquent un esprit ? Rester à attendre, attendre et guetter, surveiller. L'apprentie devenait adulte, moins impatiente, moins fragile en un sens, même si elle restait une jeune femelle, si jeune hélas, trop pour affirmer pouvoir tout savoir et elle avait la sagesse de savoir au moins ça.

— « Je sais ce que tout le monde sait, commença la siamoise, après s'être couchée sur leur branche. Que les Lunar se sont invités à l'Assemblée en y répandant la mort dès le début, que la bataille qui a suivi n'a été qu'un chaos indescriptible et que dès le début, Étoile de Pierre s'en est pris à Suie.

Coup de Foudre hocha la tête puisque le récit de Nuage du Firmament corroborait celui qu'il avait entendu des guerriers qui avaient été à l'Assemblée depuis le début. Lui ne l'avait rejointe seulement plus tard, pendant la bataille, la mêlée ou s'emmêlaient les espoirs de paix de chacun à coups de dents et griffes. Étoile de Suie avait bien été tuée par Étoile de Pierre - la première fois. Il n'avait pas manqué l'instant où il l'avait vu déborder de sa gueule et lui de serrer et de serrer comme Coup de Foudre l'avait fait dans la nuque d'Étoile Vaillante, par mimétisme.

— « Et je sais qu'il l'ont mise à mort.

Le bengal dressa hautes ses oreilles, soudain tout à son ouïe.

— Ce que je ne sais pas, ce sont tout les obscurs détail qui vont avec. Je peux deviner le chaos, comprendre la peur, la souffrance, mais je ne sais pas ce qu'il est arrivé, ce qui fait que beaucoup d'entre nous se réveillent encore en pleine nuit, hurlant même parfois.
— ...Il y avait le fils et la fille de Mirage du Désert dans ce combat. Il y avait des apprentis-guerriers, et des guerriers tout frais sortis de leur apprentissage. L'une d'elle, du Clan de la Rivière, la fourrure couleur soir, a écarté Nuage de Mouche du combat.

Tu as vu Nuage du Loup? Étoile de Pierre s'est acharné dessus jusqu'à ce qu'il ne bouge plus avant qu'il ne te soit amené. J'ai entendu un bleu crier de cesser le combat, mais personne ne s'est arrêté. Personne ne s'est arrêté même après que tous les Lunar Pods se soient fait occire.    C'était un terrible... (Son air de marbre se tira sur un air de dédain amusé. )    ...Gâchis.

Il eut un rire, léger comme le vent, profitant qu'il soit à l'abri de toutes les oreilles indiscrètes du campement pour faire tomber son masque. Il leva le nez vers les branches plus hautes du Sycomore, regardant plutôt le ballant de ses feuilles neuves. Il se sentait enfin respirer. Pas que c'était difficile de garder la face face  à toute cette tragédie mais pour lui dont la tête était endommagée par le gel, toute cette pesanteur était ennuyante.

Tout le monde l'ennuyait, en ce moment. Et avec Mistigris qui jouait à cache-cache...

Ha _ha hah,   je n'arrive pas à croire que tout le monde ait décidé d'être complice dans cette histoire! Tuer ou être tué? Vraiment?

Excluant Étoile de Suie, personne ici ne semblait porter les Lunar Pods dans son cœur, alors pourquoi ne pas se retourner contre eux et les éliminer tous ensemble? Mais les Clans sont ce qu'ils sont, et il faut croire que les Étoiles sont aussi assoiffées de sang que l'était leur Lune...

Il secoua doucement sa tête, comme dépassé par l'absurdité de la situation. En rouvrant les yeux, il posa ses pupilles en fente sur la siamoise, ne la lâchant plus des yeux, occultant tout le reste autour. Il la confronta de face:

— Ils ne l'ont pas juste "mise à mort".   Ils l'ont tuée, une vie après l'autre, devant les Quatre Clans, en nous retenant d'intervenir.   Qu'elle soit morte n'est pas le problème - Toutour porte bien son nom - mais qu'elle ait été tuée de cette façon, et en guise d'exemple, devant ses propres petits...

Un haussement des épaules, qui le fit se radoucir et regarder ailleurs.

Aaah... Nounou serait  a  cca  blé. »

Et par conséquent, Nounou aimerait qu'il le soit aussi.

☆ The Battle they fought ☆

Coup de Foudre l'écoutait, vraiment, pour une fois, son air attentif tranchait avec sa nonchalance habituelle, comme si il avait enfin mûrit, enfin appris la limite à ne pas franchir. Même si elle en doutait fortement. Lorsqu'il reprit, elle ne corrige pas pour dire que la fille de Désert n'avait guère tarder à rentrée, au contraire de Mouche. Son frère de cœur était bien plus à plaindre et elle le savait, il aurait besoin de temps pour se relever vraiment. La siamoise soupira, oui, la bataille avait été un carnage, quelques choses où chaque membre qui y fut présent avait eu de la chance, purement et simplement, d'être encore en vie, du moins, pour ceux qui avaient survécus ... A l'évocation de Nuage du Loup, encore si faible, si ... Ses pupilles se rétractèrent en deux fines fentes dont les iris autour était porteur d'une colère froide dans le bleu saphir de ses yeux. Et c'est à peine si la siamoise remarqua le changement d'air sur le visage du guerrier, une chance pour lui car pour elle, il n'y avait jamais eu le moindre amusement là dedans, juste de l'horreur. Une horreur sans nom, sans foi ni loi. En revanche, son rire ne lui échappa guère mais si elle riva sur lui son visage devenu froid par le récit et son imagination, elle ne prit cela pour une fois que par une réaction nerveuse, un moyen de ne pas sombrer, oubliant presque qui elle avait face à elle. Elle lui reconnaissait au moins cela, tout le monde s'était battu à l'assemblée, sans distinction où presque. Gueule de Requin avait disparu lui, sans doute terrer dans un coin puisque personne ne l'avait vu ni trouvé son corps. Peut-être, comme elle, la bataille avait elle était trop violente, insupportable. Pourtant, quand le mot étoile vint, elle coucha les oreilles, crachant avec mépris.

- Vu les agissements de Suie, nos ancêtres ont du la renié elle autant qu'elle les avaient renié. Mais le reste et la faute des chefs, uniquement des chefs.

Une bonne petite guérisseuse qui gardait la foi. Une guérisseuse  qui pourtant n'avait rien compris à la vision offerte, aux quatre sombres silhouettes de cette demi-lune avec les autres guérisseurs. A cette éclipse qui annonçait pourtant que la lune et ses partisans surtout, plongerait les clans dans les ténèbres. Mais son expression se radoucit alors que le regard de Coup de Foudre et le sien se sceller, elle à l'écoute, ses oreilles se relevant lentement, lui racontant l'horreur qu'il avait vue. Et jusqu'à la fin, elle le cru changer, jusqu'à ce qu'il évoque son ancien mentor, rappel brutal que de deuil à faire, lui, n'en avait pas. Mais elle savait maintenant, ce que les autres avaient vues, s'était une exécution, quelque chose qui n'aurait jamais du se faire et pourtant, cette fin était peut-être la meilleure. La seule capable de leur permettre de se relever. Vies après vies, Suie avait peut-être pu prendre conscience de la folie de ses actes. Mais elle comprenait à présent le silence des autres. Ce qu'on ne devait pas dire, taire absolument pour ne pas rouvrir sous son propre museau l'horreur de ce jour. Rester un félin qui n'était guère toucher, du moins, moins que les autres. Car dans son regard, elle l'avait lut, cette idée, ce besoin incompréhensible. Il avait depuis lors une idée en tête. Et elle ne se cacha pas de le lui demander.

- Renouveau est accablé, comme tout ceux du clan. Tous se disent que les apprentis, au moins eux, n'auraient du voir cela, mais personne n'en parles ... Sauf toi. Virulente à douce, sa voix changeait presque à chaque virgule, et elle appuya le dernier avec une douceur accusatrice et en même temps, compréhensive, étrange mélange qui lui donnait un air doux en cet instant malgré la colère que l'évocation de la bataille faisait briller dans son regard. Un regard qui mesurait la barbarie de cette nuit, l'horreur que certains étaient prêt à connaître, à commettre aussi.

- A quoi penses tu réellement, Coup de Foudre.

Douce caresse que sa voix, phrase à double sens pourtant cacher sous un voile de douceur totale alors qu'elle penchait délicatement la tête de côté. Curiosité quasi malsaine. Mais elle voulait savoir, comprendre cet étrange félin qui de temps à autres, parvenait à faire naître en elle un trouble sur lequel elle ne pouvait mettre de nom. Comme il le faisait en cet instant, leurs regards rivés l'uns à l'autre, accrochés.

« Renouveau est accablé, le corrigea Nuage du Firmament qui avait visiblement bien intégré la vision de l’exécution qu'il lui avait décrite. Comme tout ceux du clan. Oui, comme tout ceux du Clan qui y avait assisté.

En réponse, Coup de Foudre lui décocha un sourire faussement attendri et distinctement faux, en inclinant légèrement sa tête. Croyait-elle vraiment qu'il s'en faisait pour " tout ceux du Clan " ? Ses épaules remuèrent sur ce qui semblait être un rire inaudible. Elle poursuivit.

— Tous se disent que les apprentis, au moins eux, n'auraient du voir cela, mais personne n'en parle ... Sauf toi. »

Sauf lui.

Il lui semblait que le sujet commençait à vraiment affecter son interlocutrice. Son ton se décousait, se faisant ou bien trop sévère, butant sur les consonnes qui cassaient, ou trop doux, s'allégeant, gentiment, en tentant de se glisser au travers de la coquille de glace du guerrier en face. Ce-dernier ne répondit au sous-entendu qu'en haussant les sourcils, la relançant d'un coup de menton, désireux de connaître ce qu'elle voulait vraiment de lui.

— « À quoi penses tu réellement, Coup de Foudre.

Ironiquement, ce qu'elle voulait vraiment de lui était de connaître ce que lui voulait vraiment. Vraiment, ce que lui voulait? C'était vraiment ce qu'elle voulait? Il se tut un moment, pour laisser le silence du grand Sycomore parler à sa place, mesurant ses options dans un coin de sa tête. Il n'y avait personne mais son intention n'était pas d'aliéner l'apprentie-guérisseuse ; d'un autre côté, à quoi bon s'empêtre d'une stratégie? Sa prière de plus tôt lui avait demandé sa franchise tout en sachant pour son indolence.

— « Que noooos haines cultivés sont de la foutaise et que tout le monde serait mieux à baiser tous ensemble?

Bien qu'il souriait, bien qu'il remuait les épaules, ricanait à mi-voix et tentait d'accrocher Nuage du Firmament d'un petit air de connivence, difficile de savoir s'il riait vraiment. Son sourire se surit à demi.

— Tsk,  Fifiiii...

Se surit de pitié.

Tu devrais le savoir, ma seule utilité est mon corps, comment je m'en sers et comment je laisse les autres s'en servir.  Mes idées, mes pensées, mes rêves de paix... (quelques secousses des épaules)   ...tout le monde s'en fout.

Il se rappelait pourtant un échange récent avec un membre plus âgé du Clan, à la fourrure grise, cerclée d'anneaux et un masque tout sombre en face avec qui il avait bien débattu sur le sujet.

Son sourire revint, pensif.

— Enfin,  presque tout le monde. »

The Battle they fought

Elle ne savait que penser des réactions du félin, si différent des autres, si ... Impur. Le mot lui vint à l'esprit comme une claque qu'on vous met pour que vous n'oubliez jamais. Et pourtant, elle n'avait pas peur de lui, non, chaque fois qu'elle le voyait, elle repensait à leur première sortie, qu'elle avait gagnée chasse sur chasse encore plus tôt. A cette sorti où elle avait découvert une tige d'eucalyptus. A la neige qui maculait encore le sol par touche à l'époque. Et au blizzard dont il lui avait parler, à la mort. Oui, la siamoise ne voyait pas le guerrier comme il était mais comme il aurait pu être, comme il pouvait encore être. Âme généreuse et aveugle, elle pensait réellement pouvoir lui venir en aide, trouver les bons mots, les bonnes réactions. Pure folie que les étoiles ne tarderaient pas à lui crier. Et dans un premier temps, seul le vent dans les feuilles sembla l'avoir entendu, mais elle attendit, inflexible à son tour. Et sa réponse lui arracha un rire, doux et léger, carillonnant alors qu'elle le fixait de côté à présent. Elle fini par lever la patte devant son museau, non pas pour se cacher mais pour se calmer et lorsque son rire cessa, elle répliqua.

- Je ne devrais jamais cautionner ce que tu raconte là, tu le sais ? Elle ronronna, toujours amusée avant d'ajouter doucement. Mais je t'accorde ce point, tout serait peut-être plus simple si on parvenait à vivre sereinement avec nos voisins. Ceci dit ... Elle laissa un silence grave s'installer, juste assez pour retenir l'attention du mâle avant d'ajouter, la mine sombre. Suie a brisé toutes possibilités pour au moins un cycle entier. Il avait poursuivit néanmoins et poussée par un élan de tendresse, elle vint alors caler sa tête sous celle du mâle, geste anodin, innocent mais qui, sans qu'elle le comprenne, pouvait être très mal interpréter. De nouveau, sa voix devint caresse, baume pour ce félin au cœur ravagé plus d'un cycle plus tôt par la pertes de compagnons, de camarades, à peine sorti de la pouponnière voir, y logeant encore. Moi je ne m'en fou pas ... Coup de Foudre.

Elle avait murmurer son nom, doucement, comme si le dire trop fort aller brisé le peu qu'elle s'efforçait de tisser. Comme si en étant plus directe, elle risquer de le froisser et de perdre ce patient si particulier. Elle se recula d'ailleurs très lentement, comme si chaque geste, chaque mots, chaque réactions et finalement, chaque émotions dans son regard pouvait détruire cette confiance qu'elle voulait voir naître. Innocente créature qui avait beau comprendre que toutes les âmes ne pouvaient être sauvé mais qui s'imaginait pouvoir sauver celle de l'être qui lui faisait face.

Elle rit. En fait, puisqu'il n'avait pas prévu qu'elle se mette à rire - il pensait l'offenser, la voir se gonfler les poils en lui mordant que ce genre de pensées étaient abjectes mais en la voyant rire il s'entendit rire à son tour, curieusement surpris, heureux de l'avoir mal-jugé, rendu curieux maintenant:

— « Je ne devrais jamais cautionner ce que tu racontes là, tu le sais ?

Sans retenue cette fois, faisant vrombir sa voix avec chaleur:
— Mais cautionne, Fifi, cautionne ~
— Mais je t'accorde ce point, tout serait peut-être plus simple si on parvenait à vivre sereinement avec nos voisins.
— Ahh, ha-hah, tu vois!
— Ceci dit ...

Son oreille tiqua et il l'anticipa. Il savait déjà ce qu'elle s'apprêtait à dire, vu comment elle venait de peser le silence.

— Suie a brisé toutes possibilités pour au moins un cycle entier. »

Coup de Foudre surit à nouveau son sourire, crispant les commissures sur une mine forcée, jaune, reprochant aussitôt à la siamoise son soupçon.

— « Tsk, il tiqua de la langue, prenant la peine de plisser ses paupières sur une expression de dédain. Je ne savais pas la Grande Nuage du Firmament aussi défaitiste... ~

Il s'apprêtait à la mordre à nouveau qu'elle le surpris d'un contact cette fois, en calant sa tête sous la sienne. Son poil beige se mêla à ses tons charbon et par réflexe il referma un peu l'étreinte en penchant la tête histoire de lui tendre la gorge, lui montrer le cou, et se permettre de la regarder de travers au cas où.

— Moi je ne m'en fous pas ... Coup de Foudre. »

Elle ne se fichait pas de ce qu'il pensait mais elle ne le "cautionnait" pas pour autant. Il eut un sourire - non seulement car la légèreté qu'elle prit pour dire son nom le radoucit mais aussi car il se rendait compte que son approche avait été volontaire et qu'il n'avait rien provoqué de direct cette fois, comme quoi son soupçon à lui s'avérait vrai : fille d'une mère envahissante et d'un père absent devenu tête de Clan, Nuage du Firmament souffrait d'un manque affectif et d'une indécision personnelle qui lui avait fait douter de sa voie, et qui la faisait maintenant tomber dans ses bras (figuratifs, ce sont des chats). Il ne lui avait donné que quelques doses de ce qu'elle cherchait - un petit contact ici, un petit frottement par là, et maintenant elle se sentait suffisamment confortable avec lui pour l'approcher de plein gré de la sorte.

Le Bengal sentit son ronron s'amplifier à l'idée de pouvoir tordre le Code du Guerrier sur lequel il s'assoyait, mais plus encore à l'idée d'ouvrir une opportunité à l'apprentie-guérisseuse de s'offrir un peu de répit. Tout en douceur, il approcha son nez dessous son oreille pour l'effleurer des poils de ses vibrisses, veillant toutefois à lui faire comprendre qu'il ne plaisantait qu'à moitié:

— « Si tu le dis...    Qu'est-ce que tu as envie de savoir?

Lorsqu'elle reprit ses distances, elle se défit très lentement de lui, et put voir Coup de Foudre se rasseoir de son bord et rentrer la langue qu'il venait tout juste de passer sur ses babines, piqué par le défi. Est-ce que ce petit tête-à-tête en hauteur à parler des morts comptait pour un rendez-vous?

☆ The Battle they fought ☆

Fifi, ce surnom la touchait, peut-être parce que s'était le premier vrai surnom qu'on pouvait lui donner. Bien loin de "l'élue" fanatique de sa mère où du "boulet de brouteuse d'herbe" que certains avaient pu proférée lorsqu'elle avait décidée de ne pas devenir guerrière. Oui, "Fifi" avait ce petit quelques choses de chaleureux sans être abusif, un brin de chaleur douce et rassurante. Mais si leur rire partagés lui faisait du bien, la jeune chatte avait ce petit brin trop sérieux, trop sage peut-être et le sourire forcé du bengal avant que son expression ne se fasse dédaigneuse suffit à lui faire tiquer des oreilles à son tour. La "Grande Nuage du Firmament ?" Ce nouveau surnom la laissa un instant surprise, elle n'avait jamais rien fait qui lui vaille un semblant d'honneur pareil, à moins, tout simplement qu'il n'est pas encore tout à fait accepter les trois chasses qu'elles avaient réussis sous son nez ? Néanmoins, elle avait également déjà échouée sous les yeux du félin. Néanmoins, elle avait décidée de passer outre ce détail, allant se caler sous la tête du mâle, se faisant davantage complice. Elle qui aimait le contact n'osait jamais assez. Elle était tactile elle le savait, mais sa mère et son père n'avaient jamais encouragée cela, seul Busard Cendré le tolérer et le mâle gris le faisant toujours avec une certaines distance pourtant. Mais voilà, la novice avait parfois besoin de ça, d'un contact, d'un rien qui ne la fasse pas se sentir seule. Et Coup de Foudre était pour cela le complices parfait, à plus forte raison que ce geste soudain avait un but bien plus noble. Aider le mâle à s'ouvrir vraiment.

Le ronronnement de son camarade était quelque chose de suffisamment positif pour qu'elle se rassure. Le semblant de confiance qu'elle voulait n'allait pas se rompre. Illusion pourtant que d'espérer soigner le mal du félin. Une douleur qu'il avait sus enterrer sous un bloc de glace épais. Mais voilà, elle espérait parvenir à le changer, à en faire un guerrier plus empathique, un meilleur père peut-être même. Après tout, avec Suie comme mère, les chatons de la secondes portées de l'ex-meneuse avaient déjà mal commencer sur la voie de la tendresse. Où pas, près tout, Petit Bec et Boule de Braise n'étaient ils pas des puits d'amour ? Elle ronronna en retour en songeant à cela. Si les chatons en avaient tant à revendre, alors peut-être au fin fond du cœur de Coup de Foudre y avait il assez de chaleur pour faire fondre le froid qui l'entourait ? Ce froid qui le rendait insensible à la mort, à la souffrances des autres peut-être même. Pour cacher sa propre souffrance qui sait. Si Nuage du Firmament avait été une bipède, alors elle aurait sans doute suivis une carrière de psychologue brillante, et mené en retour une vie affective vide. Paradoxe étrange. C'est sa voix à lui, son contact qui la sorti de ses pensées bienveillante et la poussa à se reculer très lentement, toujours avec la peur de rompre le charme. Elle glissa alors ses prunelles noires sur lui, ses iris saphir brillant doucement sous l'effet d'un rayon de lumière qui perçaient entre les feuilles tendres du sycomore.

- Ce que je veux ... savoir ... Hmmmm, tout. Elle parti d'un petit rire, léger comme toujours avant de reprendre, davantage sérieuse. Te connaissant un peu maintenant, je suis certaine que l’exécution de Suie était pour toi un curieux spectacle. Elle s'arrêta là, si il confirmer ses dires, alors elle aurait une autre confirmation, laquelle lui faisait froid dans le dos. Celle qu'il n'avait pas bouger lors de la mort de la chatonne de la Rivière. Le renard ce jour là ne devait pas être un animal affamé, ni même se sentant agresser. Juste un prédateur voulant éliminer une concurrence. Si elle ne l'avait pas compris par le passé, ses expériences avec les blessés lui avaient permis, en fin de compte d'en venir à cette conclusion. Rester à confirmer ce dernier détail. Et Coup de Foudre tait le seul capable de le faire.

— Ce que je veux ... savoir ... Hmmmm, tout.
— Ha hah, il rit avec elle,    rien de moins ! »

C'était risqué, mais il s'en fichait. Il avait été hameçonné par sa curiosité aussi il se pencha un peu sur leur branche en roulant des épaules pour lui faire part de sa décision.

— « O.k., vas-y.

Il se calqua à son sérieux, lls s'échangèrent un regard et il attendit sa question sans ne plus la lâcher des yeux.

— « Te connaissant un peu maintenant, je suis certaine que l’exécution de Suie était pour toi un curieux spectacle.

Cette, avancée, disons ne le surprit guère. C'est l'absence d'une suite qui lui fit tiquer de l'oreille et de la commissure, crispant un sourire confus à son interlocutrice en plissant les paupières. C'est tout? Ce n'était pas une question, alors il se rassied, reculant la tête, la relançant du menton.

— « Un "curieux spectacle" ? Qu'est-ce que tu entends par ça ?

Curieux dans le sens de drôle? Curieux dans le sens d'étrange? Curieux dans le sens il était curieux d'y assister, de voir tout ce qui s'était passé, de l'intérioriser? Un éclat passa dans ses yeux en se rendant compte de la prudence de Nuage du Firmament.  Cherchait-elle à lui tendre un piège? Il pencha la tête d'un côté, la dévisageant d'un autre angle. Il était prêt à lui répondre, non? Elle qui voulait tout savoir. Il la pencha de l'autre.

— « Mais dis-moi Fifi... On pourrait jurer que tu as peur de me poser ta question...

Visant à la mettre à l'aise, il replia une patte à sa propre poitrine en feignant d'être affligé : C'est à cause de ma robe? Mes yeux? il se trahit d'un petit sourire goguenard en prenant goût au jeu. Ou bien mes moustaches? ~

☆ The Battle they fought ☆

Que Coup de Foudre lui réponde avec autant de circonspection qu'elle-même pouvait en avoir. Elle ronronna doucement, plus pour se donner du courage qu'autre chose d'ailleurs. Mais le mâle bougeait de nouveau, avant qu'elle ne puisse même chercher ses mots et elle pencha la tête en retour afin que leur regards se croisent de nouveau, comme si elle avait besoin de ce contact visuel. Comme si les yeux du bengal étaient deux aimants opposés aux siens qui de fait, s'attirer inévitablement. Et la suite lui glaça le sang. Il lisait en elle avec une aisance déconcertante qui sépara leurs regards, les prunelles bleu de la siamoise cherchant au sol une éventuelle réponse, un éventuel courage. Et la suite lui fit redresser la tête avec un air aussi surprise qu'outrée, véritablement. Sa fourrure se hérissa alors qu'elle répliquer, vexée qu'il comprenne si parfaitement qu'elle n'était pas aussi insensible qu'elle le voulait.

- Tu racontes n'importe quoi ... je ... ça n'a rien à voir.

Elle pointa le menton vers les branches plus hautes, paupières closes et se redressant sur sa branche pour finir assise, bien droite. Il se passa ainsi de longues secondes avant qu'elle ne rouvre un oeil sur le matou, puis tourne la tête et le regarde tout à fait. Revenant au sujet avec aisance.

- J'entends par curieux spectacles que contrairement à d'autres, tu n'as pas du être de ceux qui étaient ... attends heu ... ah oui. A-cca-blé Elle appuya sur le dernier mot en essayant d'avoir la même désinvolture que son camarade, sans succès cependant. Le sujet était trop sérieux et Firmament trop troublée par son comparse pour y parvenir. La chatte repris pourtant, d'une voix plus basse, plus timide encore si possible. Ce que je veux dire ... c'est que ... Tu n'es pas comme les autres .... Tu ... On dirait que rien ne te choque que ... Que tu es aussi curieux de tout qu'un chaton ... sans ... sans barrière entre le bien et ... le mal. Elle souffla à peine la fin, guettant davantage la réaction du félin, anxieuse. Sa queue se balançait nerveusement, pendant de la branche. Elle voulait savoir mais ... Elle avait peur que la réponse la brise un peu plus. Rappel qu'elle n'avait rien, ne méritait rien, peut-être même.

Oh son expression, son expression valait son pesant d'écureuils, ça c'est sûr! Il gloussa en voyant le poil de Nuage du Firmament se hérisser si facilement aux mots qu'il lui disait. Aux mots! De simples sons qui suscitaient en elle de pareilles réactions, qui l'eut cru.

— « Tu racontes n'importe quoi ... elle contra, vexée. Je ... ça n'a rien à voir.
À lui d'en rajouter une couche, carnassier:
— « Vrrrrraaaimeennt? ♡

Et de la voir ainsi lever son nez et fermer fortement ses paupières ne fit qu'attiser la chaleur de son rire, tenant sa tête basse malgré les rebonds, profitant de leur petit tête-à-tête à l'écart des autres pour se moquer ouvertement de sa camarade. Elle eut tôt fait de reprendre du poil de la bête - et heureusement! Il aurait pu rire encore longtemps.

— « J'entends par curieux spectacle que contrairement à d'autres, tu n'as pas du être de ceux qui étaient ... attends heu ... ah oui. A-cca-blé.

Sa façon de découper ses syllabes lui renvoya aussitôt le souvenir d'avoir fait pareil, mettant un contexte à cette accusation. C'était Renouveau Printanier qui aurait voulu qu'il le soit, a-cca-blé. Mais voilà il ne l'était pas - et contrairement à elle, il ne vivait pas son trouble, ni sa réticence de parler des sujets plus lourds. Il pesa son regard et on aurait dit qu'elle venait de perdre toute sa contenance après quoi.

— « Ce que je veux dire ... c'est que ... elle s'embourbait, tu n'es pas comme les autres .... Tu ... se décousait, On dirait que rien ne te choque que ... Que tu es aussi curieux de tout qu'un chaton ... sans ... sans barrière entre le bien et ... le mal. Nerveuse.

Que croyait-elle qu'il lui ferait? Que son rire se déformerait dans sa gueule en mou-ha-ha-has et qu'il lui ferait part d'idées sadiques qu'il rêvait d'infliger à ses confrères de Clans ?

— ... Et... c'est mal ? »

Tout ce que Nuage du Firmament reçut de lui fut de la confusion. Il était curieux (comme un chaton) et il n'avait pas de barrière entre le bien et le mal - et pourtant il rêvait de paix, d'entente, préférait faire l'amour plutôt que la guerre... Il détourna sa tête, recourbant sa queue à ses pattes, fermant sa posture pour ne plus se faire aussi ouvert. Même l'expression à son visage s'était comme refroidie, malgré le sourire qui y était encore accroché.

— Tu parles qu'il s'agissait d'un curieux spectacle.

Je n'ai jamais vu des chats mourir et se relever ensuite. C'était à couper le souffle - presqu'autant que de voir la Lune se saigner dans le ciel. J'aimerais être Étoile rien que pour expérimenter ce qu'Étoile de Suie et Étoile Vaillante ont vécues.

☆ The Battle they fought ☆

Son rire, son expression, tout chez le bengal contribuait à perdre Nuage du Firmament, à la faire oublier ses serments l'espace d'un instant, mal à l'aise au possible, vexée qu'il comprenne à quel point il pouvait être troublant. Une énigme pour elle. Mais les bonnes intentions de la siamoise n'était jamais bien loin et c'est ce qui lui permit de reprendre le dessus, juste assez du moins pour s'exprimer. La question qu'il posa doucement désarçonna davantage la novice, était-ce réellement mal ? Elle regarda de nouveau le sol avant de miauler, un peu plus sure d'elle déjà.

- Pas tout à fait ... Parce que ... Parce que tu ne veux pas faire réellement le mal, si ?

Il la troublait, la perdait. Chaque mots en engrangeait un autre, une pensée, fugace et lourde aussi. A cause de celà, il avait sans doute réellement regarder la chatonne de la rivière mourir, à cause de cette curiosité. Sans comprendre que quelqu'un pourrait le lui reprocher. Qu'il aurait du intervenir que ... Et en découvrant une sorte de froid sur son visage, elle ne put qu'hérisser lentement sa fourrure de nouveau, instinctivement. Comme si elle savait que la suite la blesserait mais qu'elle ne pouvait fuir. Avait elle peur ? Firmament ne savait plus bien, elle savait qu'elle voulait être là, entendre ce qu'il allait dire et qu'il n'y avait que comme ça qu'elle pourrait l'aider mais ... Mais elle n'était pas certaine d'avoir les épaules suffisamment large pour porter ce poids ensuite. Et la suite la fit frémir vraiment. Il avait vu la mort ed deux chefs, les avaient vue revenir et lui, tout ce qu'il ... Elle secoua la tête, avant de lui fausser compagnie d'un bond sur la branche supérieur. Bond mal fait d'ailleurs car ses pattes arrières pédalèrent dans le vide avant de parvenir enfin à se raccrocher à la branche. Mais même ça ne suffisait pas à calmer ses pensées et émotions. Même ça ne lui fit pas la peur qu'elle aurait du avoir. Elle grimpa pourtant plus prudemment sur la branche encore au dessus et s'arrêta la, fixant le ciel pour organiser ses pensées. Le corps frissonnant régulièrement. Et pour finir elle miaula, presque pour elle-même.

- Devenir meneur du clan ... Toute ses premières lunes, ont lui avait dit que s'était là son destin, une erreur, un mensonge. mais le mâle lui, pourrait il avoir ce poste un jour ? Cela supposait la mort de son père et peut-être, surement même, de son oncle et ... Elle ferma les yeux, laissant les larmes couler, ne sachant si Foudre la rejoindrait où non. Espérant qu'il le fasse, qu'il en voit pas son besoin de s'isoler un instant comme une fuite comme. Elle se mordit la langue, assez fort d'ailleurs car elle poussa u gémissement. Ses pensées là, elle devait les chasser, oublier à quel point il la troublait. Parce qu'une voie pareil lui était devenue impossible dès lors qu'elle avait cesser de vouloir être guerrière.

— « Pas tout à fait ... Parce que ... Parce que tu ne veux pas faire réellement le mal, si ?

Penaud, le charcoal haussa ses deux épaules. Il n'aurait su dire - son impartialité faisait de lui quelqu'un qui n'était pas mauvais, mais qui ne voulait pas signifier qu'il était bon non plus. Juste curieux - de tout, de tout essayer, de tout faire expérimenter à son corps, à défaut d'avoir la tête froide, gelée voire, pour s'éprendre de sentimentalité comme les autres. Mais Nuage du Firmament l'avait quand même contrarié et c'est pourquoi il se referma sur lui-même, se montrant sous un rare profil gardé. Il avait toujours cette insouciance mais ce n'était plus une insouciance qu'il avait l'air de vouloir partager.

Cette distance affecta la siamoise car non seulement elle eut l'impression qu'il s'effaçait d'elle, ses propos quant à son rêve de devenir meneur (pas pour le bien du Clan, mais plutôt pour expérimenter la mort et les nombreuses vies)  lui firent susciter des pensées à propos de son père lesquelles elle ne s'attendit pas d'avoir.

Un tonnerre d'émotions sembla gronder en elle alors elle fuit. Elle fuit le Ciel Calme devant pour grimper une autre branche - maladroitement, certes, mais lui n'en fit pas de cas - puis après s'être posée, levé le nez et visé plus haut, une autre, espérant dissimuler les larmes qui lui échappaient.

De sa branche deux branches plus bas, le Bengal n'avait bougé que sa tête, son corps s'étant gelé avec le reste.

« Devenir meneur du clan ... »

Il entendit au-dessus de lui. Coup de Foudre sortit une patte de sa latence, pour la poser contre la branche et la peser dessus. Puis il se dénoua de sa position de bibelot. Il renvoya son poids dans ses postérieurs en abaissant la croupe et se propulsa en l'air, une branche plus haut, juste en-dessous de la siamoise, à portée de bouche du bout de sa queue. Il se frotta les lèvres dessus, ronronnant à tout va, à mille lieues de la détresse émotionnelle dans laquelle s'était plongée elle-même Nuage du Firmament.

— « Ce ne serait pas la même chose que de devenir guerrier par nécessité. Devenir meneur nécessite de l'ambition, une vision, un contrôle sur soi et je ne dois avoir que deux de ces choses-là.

Un meneur a aussi la confiance de son Clan mais je sais le tort que je cause aux autres avec mes jeux -  oh.

Il se tut, retint rien qu'un petit gloussement et s'assied dessous la queue de la siamoise, tout juste sous sa branche, veillant à lui laisser son espace.

— Tu pleures. »

Il ferma ses paupières pour ensuite humer l'air.

« Continue.    Si ça arrive, c'est que tu en as besoin.

☆ The Battle they fought ☆

Sentir que Coup de Foudre était là, juste en dessous d'elle la rassura. Il ne lui en voulait pas d'avoir ce besoin d'isolement. Du moins était-ce ainsi qu'elle voyait les choses. Sa voix revint la troublée, mais elle l'écouta, malgré ses larmes, malgré ... tout. Il savait comme il était, il savait qu'il y avait chez lui quelques choses de troublant, d'anormalement obscure peut-être même. Mais il s'arrêta subitement, lui faisant remarquer ses larmes. Devait elle lui en tenir rigueur ? Une part d'elle voulait redescendre d'une branche, venir se lovée contre le bengal, chercher au près de lui le réconfort. Mais sa part plus sage lui disait d'éviter de le faire, que Foudre pouvait franchir des barrières qu'elle même ne voyait pas, ne comprenait pas tout à fait. Elle appréciait le mâle mais savait à présent que lui pouvait lui faire du tord, involontairement. Il l'avait dit et, contrariée, elle se lova contre la base de la branche, se calmant lentement, presque, difficilement pour enfin baisser le regard sur le félin. Il avait raison, elle avait eu ce besoin de pleurer, 'envisager que le pire n'était peut-être pas passer. Mais maintenant qu'elle s'était calmer, elle voulait le questionner plus en avant encore, masochiste.

- Et si au contraire ... Tu avais ce qu'il faut ... Sans t'en rendre compte ? ... Tu ... Tu essaierais de devenir le futur lieutenant ? Elle pencha la tête de côté, sachant ses mots encore hachuré par ses troubles. Mais elle voulait les chasser, faire le vide et repartir de zéro. Elle avait appris bien des choses troublante mais maintenant qu'elle venait de les digérés en partie, elle voulait davantage encore aider le mâle. Douce utopiste qui ne pouvait comprendre l'absurdité de cette volonté là. Et si jamais ... Je pouvais t'aider ? Elle parler presque pour elle-même mais c'est pourtant son regard à lui qu'elle cherchait. Elle voulait le voir, le regarder dans les yeux lorsqu'il lui répondrait. Elle ignorait tout de ses propres sentiments, de la perturbation émotionnelle que le mâle était en train de créer, lentement. L'innocente enfant ne savait rien des choses de l'amour, elle qui en avait été privée. Et ce tête à tête en lui en apprendrait rien de plus d'ailleurs. Elle s'efforça d'ailleurs à sourire, ajoutant pourtant d'une voix faible.

- Il suffit peut-être juste de démêler tes pensées ?

Le pire était sans doute qu'elle le croyait, vraiment. Nuage du Firmament voulait réellement croire que le félin face à elle pouvait juste s'en sortir en "démêlant" ce qu'il avait dans la tête et qu'elle pouvait l'aider à le faire.

En levant les yeux, il croisa le regard de la siamoise qui lui avait baissé le sien. Il lut à l'intérieur  sa curiosité inassouvie et son insatiabilité qui se miroitait à la sienne.  

— Et si au contraire ... Tu avais ce qu'il faut ... Sans t'en rendre compte ? ... Tu ... Tu essaierais de devenir le futur lieutenant ?
— Je doute avoir toutes les valeurs requises pour le devenir. Il ouvrit grande sa gueule, sortant les crocs sur une expression stupéfaite. Ah-- mais je doute qu'Étoile de Suie aussi. Est-ce que ça ferait de moi un tyran?   Qui voudrait d'un deuxième tyran. »

Il avait toutes les compétences et la flexibilité mentale pour être formé à devenir Lieutenant, cependant Nuage du Firmament semblait oublier que sa seule motivation à lui était de mourir. Spécifiquement : de recevoir les vies pour les gaspiller, juste pour expérimenter cet extrême dans tout son corps. L'absurdité de sa volonté n'échappa pas à l'oeil fin de Coup de Foudre, surtout lorsqu'elle renchérit:

— « Et si jamais ... Je pouvais t'aider ?
— Qu-.... quoi?

Il s'échappa d'un gloussement, dévisageant de dessous la Grande Nuage du Firmament  sur sa branche plus haut, plus près des Étoiles, supérieure par son rang - et inaccessible, selon quelques rabats-joie. Lorsqu'elle lui sourit il sentit le sien se glacer d'incompréhension :

— « Il suffit peut-être juste de démêler tes pensées ?

— De les démêler? Il fronça les sourcils.

Ha hah, qu'est-ce que tu penses Fifi, que j'ai la berlue?  Vos définitions arbitraires du bien ou du mal ne m'intéressent pas. Pas plus que votre Code du Guerrier.

Il ferma ses paupières, décrispant ses commissures pour retrouver une sérénité intouché par leurs problèmes ou le poids de leur deuil. Cette discussion l'avait tiré de son ennui et il en était reconnaissant, mais reste qu'une vérité absolue avait besoin d'être dite.

— Tsk, démêler mes pensées...   Parfois, j'ai l'impression qu'elles sont plus claires que les vôtres. »

☆ The Battle they fought ☆

La suite acheva de perdre l'espoir que Nuage du Firmament entretenait pour la journée. Un Tyran. Oui, peut-être le félin avait il raison, peut-être était il réellement une cause perdue. elle se sentait subitement seule et incapable. Elle ne trouvais les mots pour prouver à Foudre que si il le voulait, il pouvait être différent, pas plus qu'elle ne trouvais les mots sur ce qu'elle ressentais finalement. La siamoise coucha les oreilles sur sa têtes, le laissant continuer, préférant lever son regard sur le ciel. Elle ne faisait pas le poids, bien au contraire. Elle fini par fermer les yeux, laissant une larme solitaire dévaler son museau et chuter, sans doute tomberait elle sur la tête du bengal ? Mais il faudrait un miracle pour qu'il voit ce qu'elle, dans son innocence, voyait. Son désir à elle de l'aider lui, de le guider sur la bonne voie. tout ça, ce n'était que pure rêve, simple folie. Elle laissa retomber sa queue avec la même mollesse subite. Depuis le début, elle ne faisait que décevoir ses proches, d'abord son père, puis sa mère et à présent, elle se décevait elle-même. Elle secoua tristement la tête, miaulant davantage pour elle-même au final.

- Par le clan des étoiles ...

Elle se retourna avec la vivacité d'un serpent près à mordre pourtant, baissant son corps sur la branche, se mettant presque en danger par sa vivacité soudaine, les griffes pourtant s'enfonçant dans l'arbre avec assurance. Sa queue se tendis dans son dos, balancier assurée, tendis que son museau se baissait au point presque d'effleurer celui de Coup de Foudre. Elle articula chaque mot avec un espoir renouveler, le tout masquer sous un ton froid et dur comme du granit. - Je ne te laisserai pas rester aveugle ... Et sans un mot, elle se redressa, puis, scrutant de nouveau le ciel, elle avisa de grimper davantage encore mais préféra finalement longer la branche sur laquelle elle se tenait, jusqu'à en atteindre une zone qui supportait à peine son poids pourtant. De là, elle ajouta, sa voix continuant de claquer comme un fouet. Tout est une question de foi ... Mais cette fois ci, elle se parler à elle-même. Se donner de la confiance autant que faire ce peut au final.

Effectivement, son oreille tiqua lorsque quelque chose lui tomba sur la tête. Il la pencha aussitôt en entrouvrant l’œil, sentant rien qu'une toute petite gouttelette s'y couler... Et en levant le nez, il grimaça, se rendant compte qu'il était responsable de l'avoir fait pleurer. Ça l'embêtait - ça n'avait rien d'agréable de faire pleurer les autres. Pas qu'il eut éprouvé des remords, mais il avait l'impression que sa demande de tout savoir se revirait un peu contre elle et ultimement, contre leur relation.

— « Par le clan des étoiles ...
— Ne me sors pas ça. »

Soudain elle se pencha sur la branche pour le foudroyer du regard et s'il eut d'abord un mouvement de recul (de la tête, non pas du corps, sans quoi il aurait perdu pied et serait tombé), il eut tôt fait de se mettre au diapason de son intensité pour la dévisager du même feu. Son froid était le sien et il n'était pas étranger au tonnerre qui retentit dans sa voix.

— « Je ne te laisserai pas rester aveugle ...
— Ha-hah JE suis aveugle?? »

La branche au-dessus ploya avec le poids de la siamoise qui se déplaça près des ramifications de ses branches plus fragiles. Le bengale, dessous, la suivit en trottinant, chassant son indice de frustration en balayant de la queue.

— « Tout est une question de foi ...
— Je te trouve bien présomptueuse de croire en savoir plus que moi sous prétexte que tu crois à un Clan de Chats accrochés dans le ciel.

Et ses yeux reluisirent, et son air s'assombrit, et il révéla peut-être à Nuage du Firmament un peu trop des conséquences de sa tête gelée. Piqué au vif, mais mesurant le débit de ses paroles:

— ... Tu veux qu'on teste la théorie pour voir si ta foi est plus importante que la confiance en tes griffes ? »

En sortant les siennes, il retint toutefois son geste de casser sa branche - il aurait aimé la voir chuter et la voir se débrouiller avec pas grand-chose de plus que ses prières mais il n'était pas inhumain.

Il n'avait pas de raison de le devenir.

☆ The Battle they fought ☆

La queue de la jeune chatte s'agitait, vive, alors qu'elle dardait sur le mâle un regard en coin, lui qui se tenait en dessous. Il n'avait pas foi dans le clan des étoiles ? Grand bien lui fasse mais ce n'était pas ainsi qu'il pourrait avoir un jour neufs vies. Et la possibilité d'en gâcher une. L'amertume de cette pensée la fit presque feuler, mais elle se retint, se mordant la langue. L'apprentie guérisseuse avait délaisser la jeune chatte douce au profit de celle plus sure d'elle, plus croyante aussi. Au profit de celle qui se laissait dominer par ses émotions au lieu de les subir. Ce n'était en rien un dédoublement de la personnalité où que que ce fuit du genre. Non, s'était simplement les deux facettes de son être. Lorsqu'elle n'en pouvait plus, que son cœur ne savait plus où donner de l'esprit, alors elle laissait son instinct se faire violence. Et son ton à elle se fit plus froid que jamais.

- Mes griffes en m'aiderons pas ...

Et sans lui laisser temps de réagir, elle prit appuie sur ses pattes arrières et bondis. Puis elle chuta, indéniablement, hors de toute branche. Son corps entier fit dos au sol, ses yeux fixant un bref instant le ciel bleu, ses moustaches lui donnant par la vitesse de l'air les caressant l'information qu'elle voulait. Instinctivement, ses pattes avant se tournèrent vers sa droite, suivit par ses arrières et elle put bientôt observer le parterre de la forêt. Mais son regard ne s'y attacha que brièvement car déjà, son dos se courbé, ses pattes se repliant vers son ventre. Puis, avant de toucher le sol, elle déplia ses pattes et atterrit souplement, sans dommage malgré la force de la chute. Ses os et ses articulations réagirent bien et elle leva la tête vers le haut de l'arbre, un air de défi sur la face. A aucun moment ses griffes n'avaient eu leur rôle à jouer dès lors qu'elle avait quitter la branche. A présent, elle attendait de voir si le bengal oserait en faire de même, prête à lui donner une leçon. Ce n'était pas tant sa foi qui l'avait aider que son savoir. Elle était un chat et tout les chats savaient de quoi ils pouvait être capable. Ainsi, Foudre ouvrirait peut-être les yeux, comprenant que tout n'était peut-être qu'une question de volonté et que la siamoise était sérieuse. Il pouvait devenir lieutenant où ... Où bien même tout ce qu'il voudrait. Et elle se persuadés ainsi d'une chose, si elle le voulait, elle pouvait l'aider à réchauffer son cœur. Mais une fois de plus, la siamoise, grisée par la sensation de la chute, se leurrer sous une illusion.

— Mes griffes ne m'aideront pas ...
— Je vais te prouver que oui. »

Alors que sa patte s'était levée pour casser sa branche d'une impulsion, la siamoise s'était laissée volontairement tomber en bondissant juste avant le crac. Le Bengal se campa du haut de sa branche, tendant les muscles, baissant la tête pour voir la silhouette tomber et la suivre des yeux, pépiant un miaulement contrarié. Il tourna la tête vers le tronc duquel il aurait pu s'appuyer et se propulser pour couper sa chute à la siamoise mais -- le saut de l'ange le fit rêver.

Il fit pareil - par mimétisme qui sait, en se laissant mollement tomber en altitude pour expérimenter le rush d'adrénaline que son corps en panique lui faisait vivre. Sa tête gelée entendait les signaux mais n'avait aucune façon d'y répondre, il se rit de sa détresse, poussant peut-être un long miaulement d'euphorie en se sentant tracté de plus en plus vite vers le sol qui lui fonçait dessus. Et comme la chatte qui venait d'atterrir sur ses pattes, qui venait de lever son nez vers lui comme pour faire valoir son point - il ne tarderait pas à la rejoindre - il tordit son dos pour effectuer une superbe vrille en pleine chute et se réceptionner les quatre pattes fléchies dans l'herbe, se redressant après le choc de l'impact.

— « ...Tes griffes, ton corps, c'est pareil.

En levant sa patte, on supposa qu'il s'apprêtait à se la lécher qu'il s'avança d'une tension et poussa brusquement l'apprentie guérisseuse hors du chemin de - la branche se heurta au sol dans un bruyant bruissement de ses feuilles qui se percutèrent ensemble. Elle n'était pas toute petite non-plus - des copeaux de bois avaient même explosés un peu partout autour.

Lui-même avait réussi à s'en sauver de justesse, ronronnant très fort, achevant son geste en se léchant la patte après quoi, car après quoi c'était grâce à elles - à lui - qu'il avait réussi à la tirer d'affaire, qu'il avait réussi à atterrir, qu'il avait réussi à bondir dans le vide, qu'il avait réussi à casser sa branche ; rien de tout ça n'avait été grâce aux Étoiles. Il ôta quelques copeaux qui s'étaient collés à son poil, n'ayant été touché que par le coup de sang de la chute, mais rien d'autre. Il n'y avait pas un signe de peur dans l'état de son poil ou dans ses yeux - et il espérait que sa comparse, comme lui, le voit.

— Ce n'est certainement pas ta foi qui t'as permise de faire ça.

☆ The Battle they fought ☆

Elle secoua la tête en l'écoutant, détournant la tête, attendant de voir ce qu'il ferait. Car si la branche n'était pas invisible pour elle, qui avait suivit sa chute en même temps que s'achevait celle de son comparse, elle voulait tester une chose. Elle fut autant soulagée que surprise de sentir le matou la pousser et si lui semblait faire mine de rien, dans sa tête à elle, un éclat aussi brillant que la plus brillante des étoiles venait de s'allumer. Une vive braise d'espoir qui s'était embrasée avec le geste du bengal. Elle ronronna à sa réplique, ajoutant d'une voix où se mêlait parfaitement une pointe d'acidité à un plaisir honnête, vrai, soulagé même. - Non tu as raison, ce n'est pas ma foi qui a guidé mon saut. Mais c'est ma foi qui m'a permis de savoir que tu ne laisserais pas cette branche m'écraser. Comme quoi, t'es peut-être pas une cause perdue finalement.

L'assurance de la siamoise ne l'avait pas encore quitté et taquine, elle adressa un regard en coin à son comparse avant de lui tirer la langue, puis, se détournant de lui, elle contourna la branche - enfin, ce qu'il en restait - pour retourner s'asseoir sous le tronc de l'arbre. Son esprit revivait la scène. Elle guettant les branches après avoir atterri souplement au sol. La silhouette gracieuse du mâle plongeant dans le vide, comme prêt à s'écraser mais réagissant à temps. La branche en fond, longue, qui arrivait avec un temps de retard, sans doute le temps qu'il avait fallu à ce qu'elle cède parfaitement. Et cette petite alarme dans son crâne qu'elle avait fait taire. Elle héla son camarade avant d'ajouter, finalement. Nous savons tout deux que même si tu l'as voulu, c'est volontairement que j'ai sauté. Et nous savons aussi que tu n'es pas prêt à me repousser totalement l'aide que je te propose sinon je serai encore là bas. Sous la branche, souffrant milles maux, agonisante sans doute où même déjà en train de se refroidir. Elle avait tenté un pile où face dangereux. Mais cela lui confirmait ses propres émotions. Elle appréciait le bengal charcoal et espérait qu'il en était de même pour lui. Son geste était une confirmation. Un nouveau lien d’amitié avec l'étrange guerrier. Une méprise de plus, au final.

— « Non tu as raison, ce n'est pas ma foi qui a guidé mon saut.

Le ce-qu'il-fallait-démonter brilla de mille-feux dans les yeux de Coup de Foudre, et il clôt ses paupières, après sa lapée, pour intérioriser le sentiment de soulagement qui le prit à prouver à sa comparse que la plus aveugle entre les deux, c'était elle.

— Mais c'est ma foi qui m'a permis de savoir que tu ne laisserais pas cette branche m'écraser, elle le contra avec un sourire certain, qui le piqua au vif même sans le voir, le faisant sursauter de sa position pour la foudroyer du regard. Comme pour la peur avant quoi, il n'avait aucun grognement en bouche et aucun follicule de son poil ne s'était hérissé pour manifester de la colère.

— Comme quoi, elle continua, t'es peut-être pas une cause perdue finalement.
— « --Tsk, ne gave pas ma bouche de mots Fifi, il y a mieux, tu sais ~

Il concéda à sa défaite, acceptant de hausser les épaules et de prendre avec légèreté le point qu'avait voulu lui peser Nuage du Firmament. C'était tout un gamble de faire confiance au gambler de la sauver - à cette milliseconde, il y avait, dans le pile qui n'avait pas fait face de son pile-ou-face, un Coup de Foudre parfaitement pareil qui avait parfaitement laissé la branche s'écraser sur Nuage du Firmament. Mais la mesure des options de sa situation lui avait fait prendre conscience que s'il avait blessé même involontairement la siamoise, elle lui en aurait voulu. Pire encore ; tout le clan lui en aurait voulu - voire même le chef! Il aurait été banni, rien que pour l'avoir aidée à voir le gel de son Esprit. Il n'était pas inhumain - il n'avait aucune raison de le devenir. Mais la possibilité était là - tant que le risk-reward rendait intéressante la possibilité. Sans quoi...

Nuage du Firmament contourna la branche et son cercle d'impact pour rejoindre le Bengale qui se détourna volontairement d'elle, jouant pour une fois à ne pas l'avoir vue.

— Nous savons tout deux que même si tu l'as voulu, c'est volontairement que j'ai sauté. Et nous savons aussi que tu n'es pas prêt à me repousser totalement l'aide que je te propose sinon je serai encore là bas.
— Tu m'énee-heh-heerves » il ricana tout bas, roulant ses yeux au ciel - au travers du feuillage de l'immense Sycomore d'où ils s'étaient tous les deux volontairement tombés. Il se retourna à demi vers la siamoise mais sans lui faire face, lui présentant pour une rare fois son profil histoire de la fixer de biais.

— « Pourquoi tu tiens tellement à ce que je sois Lieutenant?     Ha-hah, es-tu si pressée d'enterrer ton père ??

Il lui décocha bien sûr un clin d’œil en rajoutant : Tu parles d'un clin -- deuil! ♡ »

☆ The Battle they fought ☆

La siamoise n'avait guère répondu, le délaissant à ses remarques, son cœur trop pur peut-être préférant rester sourds au mots que le félin ne voulait justement pas avaler. S'était là la seule façon dont elle savait agir, se protéger un tant sois peu, même si faiblement. Ne pas lui offrir une prise de plus pour déstabiliser sa foi, et garder ce point qu'elle voulait mettre. Et le ricanement du félin n'ajouta rien à ce qu'elle savait déjà. Après tout, personne n'aimait qu'on lui tienne tête, elle la première. La suite en revanche éveilla un frisson glaciale dans son corps et elle préféra fermer les yeux, répliquant avec sa douceur habituelle.

- Mon père ? Pour ce qu'il représente pour moi ...

Elle pouvait en rester là, lui laisser un je-ne-sais-quoi comme réponse mais elle poursuivit, piquée malgré tout par la remarque, se sentant blessée quand bien même elle n'en était pas la cible direct finalement. Mais tu as raison sur un point, tu ne ferais pas un bon lieutenant et encore moins un bon chef. Presque un murmure sur la fin avant qu'elle ne se détourne tout à fait de lui, guettant les branches du sycomore au dessus de leurs têtes, cherchant à entrapercevoir le ciel au travers d'elle et du feuillage fourni. Puis, comme si elle avait vu ce qu'elle voulait, elle riva ses yeux redevenu aussi doux et calme que la surface d'un lac après orage sur le matou. Ajoutant sereinement. Parce que sans foi, tu n'auras jamais les neufs vies qu'ils accordent. Elle voulait le secouer, voulait un choc électrique dans la tête du guerrier, mais au lieu même de rester sur ça elle vint couler son corps sous la tête du matou, jouant sans même le savoir avec une sensualité qu'elle ignorait. Sa queue longeant un instant le flanc du bengal avant qu'elle ne s'éloigne de lui d'un bond preste, riant à son tour, comme pour effacer tout ce qui s'était dit. Mais rien ne quitterait sa mémoire. Elle fini par ajouter, malicieuse. Et ceci ne fait pas partie des sorti que tu me dois encore.  Mais est-ce que cela le dérangerait, elle n'en était pas certaine, au contraire. De nouveau, elle se senti un instant troublée, avant de secouée la tête, se rappelant qu'au camp, on aurait surement besoin d'elle et qu'elle s'était accordée une pause bien assez longue comme cela au final.